Quatrième de couverture : 2026, seize ans après la catastrophe qui a bouleversé l’Europe et transformé certains enfants en « Sensibles », dotés de pouvoirs à peine imaginables…
Les Sensibles, maintenant adolescents, sont toujours parqués dans les Camps. Grégoire est l’un des seuls à être encore en liberté. Allié de la Résistance, il infiltre le Camp de Lyon pour y récupérer des informations. Son but ultime : retrouver son frère jumeau, enlevé quelques années auparavant.
Ana n’a jamais connu que les orphelinats et le Camp de Lyon. Isolée et maltraitée par le chef de la prison, elle ne cherche même plus à s’enfuir et attend la mort. Lorsque Grégoire débarque dans son monde, Ana entrevoit un espoir de recouvrer la liberté. Pour elle, il sera prêt à tout. Pour les Sensibles, est-ce le début de la rébellion ?
Une dystopie young adult à l’univers intéressant mais trop étouffée par la romance entre les deux personnages principaux.
Dans un univers futuriste proche, des jeunes, les « sensibles », sont parqués et abrutis médicalement dans des camps à cause de leurs particularités. Il y a plus d’une dizaine d’année, un terrible évènement à entraîner la modification génétique de certains nouveaux nés, ces derniers ont acquis des pouvoirs singuliers ; télépathie, manipulation des éléments, invisibilité, etc. Toute une génération aujourd’hui rejetée par une population et des politiciens qui ne voient en eux que danger. La peur de l’inconnu bat son plein. Ana appartient à cette génération captive et subit les abus du gestionnaire du camp de Lyon. Pourtant dans l’ombre, la résistance s’organise, constituée de parents d’enfants enfermés mais aussi des « sensibles » libres. Grégoire est un de ces enfants, membre actif de la résistance, il a pour mission d’intégrer et d’espionner le camp de Lyon, pour lui il s’agit avant tout de retrouver son jumeau enlevé il y a quelques années. Les deux adolescents se rencontrent et c’est le chamboulement dans leur vie respective.
L’univers créé par l’auteure est vraiment intéressant et original, il permet avant tout de soulever la problématique de la différence, de la peur de l’inconnu et du rapport de l’être humain face aux abus et aux peurs. Inévitablement, on pense aux camps de concentration de la seconde guerre mondiale, même si les adolescents subissent des analyses et des tests médicaux et que certains sont éteints comme dans un état végétatif par la prise régulière de médicaments, on reste dans quelque chose de vivable et nettement moins horrible. Le manque de liberté reste un des éléments majeurs. On est donc dans un future proche (une vingtaine d’année plus tard), un cataclysme dont on ne sait pas forcément les précisions a eu lieu et à transformer certains bébé en « sensibles » doués de pouvoirs dignes des héros de Marvel. Cependant, comme toujours, la peur a amené à emprisonner ces enfants sous le prétexte de leur apprendre à maîtriser leur faculté. Les parents abusés ont regretté, d’autres n’ont pas eu le choix de subir les enlèvements de leurs enfants. Dans ces camps, en réalité les enfants devenus adolescents sont pour la plupart l’ombre d’eux même, certains résistent plus que d’autres à la chimie médicamenteuse, ils suivent des cours de bas niveau et subissent une routine ennuyeuse. A côté de cela, on a la résistance qui tente d’infiltrer dans ces camps, non sans difficulté, pour savoir ce qu’il s’y passe réellement On a donc une mise en place prometteuse d’une histoire dystopique et qui annonce des thèmes sensibles et de bons moments d’action .
Pourtant si j’ai plutôt bien adhéré à ce contexte, l’auteure n’a, à mon goût, pas assez poussé son histoire au profit d’une relation amoureuse qui va vite prendre des proportions trop importantes au détriment d’une intrigue fouillée. Le personnage de Grégoire est présenté comme un adolescent de 16 ans au physique avantageux de rugbyman, un beau gosse, grand, bien fichu et aux yeux charmeurs qui traîne un passé douloureux, un jumeau enlevé qu’il recherche désespérément depuis des années. Il connaît la liberté mais vit dans une douleur familiale. Il a donc un certain côté mature mais garde néanmoins des réflexes d’ados ; j’agis avant de réfléchir, un caractère tempétueux et rebelle, une sensibilité pour les jolies filles ! Alors forcément sa rencontre avec Ana va quelque peu changer ses plans initiaux. Ana est une adolescente qui a toujours connu les camps et l’enfermement, aujourd’hui elle est isolée des autres et doit répondre aux attentes particulières du directeur du camp. C’est une jolie blonde, amaigrie toutefois, qui subit les choses et vit dans l’indifférence, comme morte de l’intérieur. Elle est mal vue par les autres adolescents qui ne voit en elle que la princesse du directeur qui a de nombreux avantages sur eux. On va vite comprendre que Grégoire et Ana vont tomber amoureux, et une (trop) grande partie de l’histoire va se jouer autour de ça, les doutes de l’un, l’espoir de l’autre. Pourtant malgré leur bagage psychologique, certes un peu déjà vu et caricatural, je n’ai pas réussi à m’attacher à eux, c’était pesant et trop dans l’excès de romance, une romance qui va d’ailleurs très loin pour des adolescents de 16 ans, sachez que la sexualité n’est pas seulement évoquée, elle est aussi d’une certaine façon détaillée, en soi rien de dérangeant mais ici pas forcément nécessaire. Autour d’eux graviteront une série de personnages secondaires adolescents et adultes qui ne sortiront pas tous leurs épingles du jeu même s’ils apparaissent parfois plus intéressants que les héros.
On sent forcément la sensibilité de l’auteure dans cet écrit, les émotions des personnages sont vives et exacerbées mais parfois un peu trop, ce qui avait tendance à casser le rythme qui parfois se révélait plus intense. L’ensemble est plutôt soigné et bien écrit, l’auteure est plutôt appliquée dans sa façon de faire. On peut également souligner qu’elle ose beaucoup de choses et n’épargne pas ses personnages qui subissent des évènements traumatisants.
En bref, je ne vais pas dire que je n’ai pas aimé ma lecture puisque ce n’est pas le cas, j’ai découvert Axelle Colau avec son sublime A.L.I.N., j’attendais beaucoup de Génération Captive, malheureusement si l’univers d’anticipation est plutôt bien dépeint et que l’intrigue était intéressante, je ne me suis pas attachée aux personnages dont les relations et les émotions prenaient trop le pas sur l’histoire. Un peu déçue je l’avoue !
Je remercie Netgalley et son partenaire Au Loup éditions pour cet envoi.