« L’île des disparus tome 3 : Les lueurs de l’archipel » de Camilla & Viveca STEN

Quatrième de couverture : D’étranges lueurs dansent sous les flots. Un ferry a été retrouvé pris dans les glaces, tous ses passagers envolés. Tuva n’a de cesse de parcourir les eaux profondes à la recherche d’indices, sur les traces de l’ondine, une créature magique et vengeresse. Mais maintenant que Rasmus, son meilleur ami, a quitté l’île, Tuva doit apprendre seule à maîtriser ses pouvoirs. L’affrontement approche et, pour sauver l’archipel et ses habitants, Tuva devra sacrifier ce qu’elle a de plus cher. Car toute magie a un prix, et le sien sera terrible.
MÉFIEZ-VOUS DES LÉGENDES ENDORMIES…


Depuis que l’Ondine a été vaincue et a disparu, l’Archipel vit dans un état engourdi ayant repris ses habitudes. Tuva qui apprend à maîtriser sa transformation et ses pouvoirs de changelin parcourt la mer Baltique. Nous sommes en hiver, la fin d’année approche et les fêtes de Noël aussi, pour Tuva cela signifie le retour de Rasmus et de sa famille, ces derniers ont en effet quitté l’archipel pour retourner vivre à Stockholm. Cependant, le calme de l’Archipel est vite ternie par le naufrage d’un ferry, cent personnes à bord ont disparu sans laisser de traces si ce n’est un froid excessif et une mer de glace anormale. Pour Tuva, nul doute que ces disparitions ne sont pas naturelles et qu’elles sont probablement le signe d’un sacrifice et des méfaits de l’Ondine, affaiblie depuis leur dernière rencontre et dont elle ne sent pas l’existence. Aidée de Maria, la mara et d’Osterman, le conducteur du bateau qui amène les enfants du coin à l’école, Tuva va tenter de retrouver celle qui, tapit dans l’ombre, prépare sa vengeance contre les hommes.

Après la brume ténébreuse et dense du tome 2, c’est le froid et la glace qui sont particulièrement pénétrants et effrayants dans ce tome. La mer Baltique gèle de manière inexplicable, les disparitions s’accumulent dans l’Archipel, la population sombre peu à peu dans la peur, d’un côté il y a ceux qui appartiennent aux anciennes familles, ceux qui croient aux légendes du passé et s’inquiètent des réactions des êtres mythiques, de l’autre ceux plus cartésiens, qui s’interrogent de ces changements climatiques soudains, tous ont en commun d’appréhender de parcourir les flots d’une mer tueuse et inquiétante. Sans parler de ces lueurs menaçantes sous la surface de la mer, qui semblent s’intensifier face au danger et qui annoncent de mauvais présages. Pour Tuva, la solution est peut être dans le passé, dans les connaissances des anciens sur les mythes ancestraux et au fond de la mer.

Comme dans les deux précédents ouvrages, on garde ici des notions particulièrement sensibles aux auteures, l’écologie bien sûr qui est le sujet principal est assimilée à des créatures marines qui veulent crier vengeance face à la bêtise humaine et à son incapacité à maintenir en bonne santé une nature qui constitue son habitat mais aussi ses sources de nourriture. La métaphore est habile et franchement bien amenée dans tous les tomes, elle est aussi inquiétante et très parlante sur la situation de cette mer peu profonde qu’est la mer Baltique. Les auteures intègrent aussi les anciennes légendes nordiques sur le petit peuple féerique qui vit sur les terres mais aussi sur le peuple marin, on est immergé dans ces mythes et Tuva va aussi approfondir ses connaissances en écoutant les plus anciens de l’Archipel qui maintiennent tant que possible les vestiges de cette culture passée mais aussi les transmissions des informations aux plus jeunes et ouverts à les entendre de manière traditionnelle.

Ensuite, il y a les thématiques ciblent et récurrentes pour ce genre littéraire, qui sont ici vraiment réalistes et naturels. L’amitié entre Tuva et Rasmus évidemment mais aussi entre Tuva et d’autres personnages tout aussi différents, intéressants et individualisés, la famille aussi, avec les parents de Tuva, la mère d’un côté protectrice et très à l’écoute, un père de l’autre, qui patient et attentif, tente de retrouver le lien cassé avec sa fille, l’amour vient également poindre le bout de son nez de manière fine et délicate. Tout cela offre à Tuva un cocon de courage, de force et de motivation pour déjouer les plans de l’Ondine, ce personnage jeune adolescente est vraiment crédible malgré tout ce qu’elle peut traverser, le combat ne lui fait pas peur, le sacrifice nettement plus, surtout quand il est douloureux et imprévisible. La fin peut étonner, pourtant elle sonne juste.

En bref, un dernier tome qui clôt une trilogie particulièrement immersive, la sensation de froid, le goût du sel sur les lèvres, les brumes humides et impénétrables, vous voyagerez dans cet Archipel avec Tuva et les autres créatures des mythes nordiques, au gré des métaphores écologiques et des prises de conscience, d’une peinture d’une société esseulée et abîmée et au travers d’aventures inquiétantes qui ne manquent pas de dynamisme. Une excellente trilogie !

Je remercie les éditions Michel Lafon pour ce partenariat.

Cet article, publié dans Chroniques, Fantastique, est tagué , , , , , , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.