« Les Roses, les Choux et autres secrets  » de Frances GARROOD

les roses

Quatrième de couverture : Entre une mère joyeusement déjantée qui joue de la planche à repasser comme d’un piano et des locataires excentriques qui restent trop peu de temps pour qu’on se rappelle leur nom, l’enfance de Cassandra est certes atypique mais heureuse. Jusqu’au jour où la conduite obscène d’un pensionnaire fait s’effondrer son monde, et ses illusions d’enfant avec…

Avis :

J’avoue que j’avançais un peu à reculons pour cette lecture qui s’annonçait pas spécialement passionnante à mon goût. Et pourtant, ce choix de ma binôme Fidlansi, est une très belle surprise.

En 2001, Cassandra est au chevet de sa mère mourante d’un cancer. Elle se remémore son passé, de son enfance atypique dans les années soixante à sa vie de femme accomplie. Elevée par une mère seule, excentrique et ne accommodant pas des « normes » de la société, accueillant SDF, personnalités bohèmes ou encore innombrables locataires, Cass sera malgré tout heureuse dans cette maisonnée joyeuse avec son frère Lucas jusqu’au jour où un traumatisme vient tout faire voler en éclat suite au comportement déplacé d’un habitant…

L’histoire démarre donc en 2001 dans un hôpital où Cassandra, la cinquantaine, accompagne dans la mort sa mère atteinte d’un cancer. En regardant cette femme si pleine de vie et de joie, n’être plus que l’ombre d’elle même, elle se rappelle l’année de ses 13 ans où sa vie à basculer. On se retrouve alors dans les années soixante, Cassandra vit avec son demi-frère Lucas, tous deux élevés seuls par leur mère. Le jour où Cassandra est abusée, ses perceptions, encore enfantines, sont brisées. On suit alors son évolution, les étapes de sa vie de femme toujours noircies par ce traumatisme.
C’est un protagoniste, riche en émotions, dont nous suivons les péripéties au fil du roman qui nous est présenté là. Une vie peu ordinaire, ne suivant pas une linéarité classique. Elle nous raconte, son enfance heureuse, ses craintes et sa relation avec sa mère. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la vie de Cassandra a été loin d’être simple, abusée, traumatisée, en grandissant, elle ne cessera de se retrouver face à de nouvelles épreuves et face à des personnes peu attentionnées qui la mèneront à vivre une vie d’étudiante instable et chaotique, à la dépression, puis à la révélation d’une vocation et enfin à l’amour. C’est une femme d’apparence forte, toujours présente pour sa mère, têtue mais profondément blessée.
Suivre sa vie sur une vingtaine d’année est incroyablement captivant, on rit, on pleure, on subit les événements les uns après les autres, on ressent une foule d’émotions intenses partageant ses sentiments et cela encore plus en tant que femme lectrice.

Le personnage le plus marquant de ce roman est sans doute la mère de Cassandra, un personnage bohème, libérée et qui assume son anticonformisme, se moquant royalement des pensée des autres et ne vivant que par sa propre philosophie : profiter de la vie et partager ces moments de vie avec un maximum de personne. C’est une femme pleine de joie, élevant seule deux enfants nés de deux pères différents. Son besoin d’aider les autres est ce qui la tient dans cet état de joie et de bonne humeur excessive. Cela la conduit à héberger des personnages tous plus atypiques les uns que les autres, Greta, une femme d’origine Suisse, parlant un anglais approximatif et qui tente de remonter le moral avec ses « tasses de thé », « Appelle moi Bill » un jeune pharmacien expulsé par sa locataire, Richard le SDF et son Ukulélé, et les chiens « premier chien », « nouveau chien » et « dernier chien », sans oublié les nombreux locataires aux personnalités très différentes, donnant à la maison d’enfance de Cassandra des airs de communauté soixante-huitarde.

Les thèmes abordés sont donc multiples et très complets dans ce roman ; des thèmes profonds et graves : la pédophilie, la mort d’un être cher, la dépression, ponctués cependant de thèmes plus heureux ; le bonheur familiale, la fraternité, l’entraide. A cela s’ajoute, une réflexion sur les choix de l’avenir, les études, la profession mais aussi sur la vie de femme, les relations avec les hommes, l’amour. C’est réaliste, on ressent ces événements de vie constitués de haut et de bas.

Par ailleurs, il est intéressant d’observer ces différents thèmes et ces choix de vie à une époque où la pression de la société pour suivre un schéma de vie « stéréotypé », être marié, élever ses enfants avec la présence du père et de la mère, suivre une linéarité professionnelle, était plus importante qu’aujourd’hui.

C’est donc un beau roman qui ne nous laisse pas indifférent et qui nous raconte avec pudeur et émotions l’histoire d’une vie de femme hors norme. Une lecture que je recommande !

challenge binome

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