« Sous le signe du Scorpion » de Maggie STIEFVATER

Sous le signe du scorpion

Quatrième de couverture : « Certains concourent pour gagner, d’autres pour survivre. » Chaque année au mois de novembre se déroulent les courses du Scorpion. Les cavaliers doivent tenir le plus longtemps possible sur leurs dangereuses montures, des chevaux de mer cannibales. Assez longtemps pour avoir une chance d’atteindre la ligne d’arrivée… et survivre. Sean Kendrick, 19 ans, tente de nouveau sa chance cette année, bien décidé à arriver le premier. Puck Connolly, quant à elle, n’aurait jamais imaginé participer un jour à la course. Mais le sort en a décidé autrement, et elle se retrouve malgré elle propulsée dans la course, à laquelle aucune autre femme n’avait encore participé. L’enjeu est grand pour ces deux adversaires que tout oppose sauf leur désir commun de remporter le plus grand des prix : la vie.

Avis :

L’atmosphère envoûtante de ce roman nous transporte dans un ailleurs absolument fantastique.

A Thisby, île isolée et pauvre, chaque automne, l’océan se déchaîne et les tempêtes font rages, des chevaux de mer, les Capail Uisce, massifs, somptueux, rapides et néanmoins dangereux prédateurs carnivores s’échappent de l’océan. Les habitants les plus téméraires les capturent et les dressent pour participer à une course unique, la Course du Scorpion, attirant la population huppée du continent. Le gain ? Une somme mirobolante pour tous les habitants de l’île vivant une situation précaire pour la plupart.

Sean Kendrick est, à 19 ans seulement, le redoutable vainqueur de 4 courses. A 10 ans, il a vu périr son père sous les sabots de Capail Uisce dans une course, depuis  il travaille pour le compte de Malvern, le riche propriétaire du plus beau harras de l’île. Froid, distant et serein, il voue une passion à ces créatures troublantes et superbes tout droit sorties de légendes nordiques. C’est un personnage solitaire qui communique aisément avec les chevaux qu’ils affectionnent, il chuchote les mots « qu’ils ont besoin d’entendre » à leur oreille, son talent inné est reconnu et son aide maintes fois demandé en cas de problème, pourtant il semble craint et évité par les autres et est surtout détesté du fils de son patron, Mutt. Il noue une relation particulière avec son étalon à la robe rouge sang, Corr, qu’il aime sincèrement, un lien unique voire fusionnel les unit. Pourtant Corr n’appartient pas à Sean et remporter une autre fois cette course lui permettrait que le cheval de mer soit enfin sien. Sean est à l’image de ces créatures mythiques, il comprend l’océan, est attentif à chaque bruit de vagues et se sent pleinement heureux les pieds dans le sable et les embruns lui fouettant le visage, il est ancré profondément à cette île qu’il ne peut envisager de quitter. On a toujours une impression de maîtrise parfaite quand ce personnage regarde, parle ou encore ressent, il est tellement juste dans son étrangeté qu’il en devient très attachant, un personnage superbe. Sa rencontre avec Georges Holly, un riche acheteur de chevaux lui ouvrira les portes d’une amitié inattendue et sereine, celle avec Puck achèvera de lui faire prendre conscience de ses véritables besoins et envies.

Kate Conolly, dit « Puck », est, depuis un an, orpheline. Ses parents ont été tués par des Capail Uisce lors d’une sortie en mer. Depuis, elle vit avec ses deux frères, Gabe son aîné qui souhaite quitter l’île pour rejoindre le continent, et Finn, son cadet, passionné de mécanique et respectable garçon de foi. Elle décide de participer à la course par besoin d’argent, cependant par respect pour la mort de ses parents, elle prévoit de courir avec Dove, sa petite jument nourrie au foin bon marché et sur laquelle elle a grandi. Du courage ? C’est bien le mot qui définit ce personnage tempétueux, sincère et aux répliques cinglantes. Une jeune femme qui n’a pas froid aux yeux et qui se prépare sérieusement à se battre contre des coureurs experts et leurs monstrueuses montures. Difficile de trouver sa place quand on décide de courir avec une simple jument et qu’en plus vous êtes la première femme à participer, pourtant elle tiendra tête au plus farouche de ses détracteurs. Entre sa colère contre son aîné, qui lui donne l’impression de l’abandonner et sa tendresse pour son jeune frère, Puck se sent responsable. Tout comme Sean, elle est liée de manière viscérale à son île et ne peut envisager de partir. Lorsqu’elle le rencontre, celui-ci lui est antipathique, pourtant il ne cesse de la subjuguer par son lien étroit avec les chevaux, son attitude, ses gestes et ses mots, ne peuvent l’empêcher d’être admirative. A son contact, elle prend confiance, étoffe son savoir sur cette course dangereuse et apprend à se faire confiance.

L’auteure nous offre une histoire pure, sincère et sans fioritures. Elle décrit un environnement brumeux, venteux, froid et humide au bord d’un océan vivant et dangereux. L’atmosphère qui en découle est justement dosé et s’accorde parfaitement à nos deux personnages qui ne sombrent jamais dans la caricature, bien au contraire, ils sont absolument parfaits dans leur imperfection. Maggie Stiefvater a voulu conter une belle histoire mêlant créatures marines fantastiques et personnages authentiques, c’est très réussi, on peut par ailleurs souligner sa plume douce, efficace et élégante qui ne fait que sublimer son récit. On sombre dans cette histoire originale qui nous engloutit complètement, on sent le sel, le sang des morts nombreuses, le froid humide de cette contrée isolée et la précarité des hommes passionnés par ces chevaux de mer et tendrement accrochés à leur racine. Ce livre se destine, a priori, à un public jeunesse, pourtant le sang coule à maintes reprises, les chairs sont atrocement mutilées, arrachées et piétinées, dans cette ambiance sombre, le rouge s’inscrit souvent et dénote à l’image de la couverture qui reflète parfaitement le contenu du roman.  Ce n’est pas ici une simple histoire de chevaux mythiques, mais une histoire de relation entre les hommes et leur animal, entre les hommes et leur île, entre les hommes tout simplement, on ressent toutes les émotions possibles à la lecture de ce roman qui a bien su s’exclure de tout cliché du genre ou s’affranchir de guimauve collante.

Bref un roman magique qui laisse un doux manque quelque temps après sa lecture, que l’on aimerait ne jamais avoir fini tellement on s’y est perdu pleinement. Un livre fantastique que je recommande vivement !

Challenge je suis une héroïneChallenge un baiser avec plaisri

binôme3

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2 commentaires pour « Sous le signe du Scorpion » de Maggie STIEFVATER

  1. Ferilou dit :

    Je faisais le tour de tes « Favoris » et je suis bien d’accord avec toi, ce roman est une petite merveille que j’ai adoré découvrir !
    J’y repense souvent avec une pointe de nostalgie, je pense que je le relirais parce que Puck me manque ^^

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