« Ulan Bator » de Richard TABBI

Ulan Bator

Quatrième de couverture : « Solo Aggrigente est persuadé d’écrire des polars tout ce qu’il y a de classique, alors qu’obsédé par la tétralogie d’Alien il écrit en réalité des romans de SF. Il est marié avec Asako, artiste plasticienne de renommée internationale qui lui annonce qu’elle part en tournée mondiale à l’instar d’une rock star, lui laissant leur fils de 18 mois sur les bras. Ses ennuis commencent le jour où le chanteur des Kyoto Motel se fait décapiter, événement qu’il avait prédit dans l’un de ses romans. Peu après, deux faux flics mongols font irruption chez lui. Commence alors une course folle alcoolisée sur fond de chamanisme, de soviétisme, et d’invasion extraterrestre. La réponse à ses déboires se trouve – peut-être – à Ulan Bator. »

Avis :

Bienvenue à bord du roman Ulan Bator, paré au décollage, un petit spleen beaudelairien, un grand verre de vodka russe et la lecture de cette histoire vous fera l’effet d’un rail de coke sur un non initié… Ça déglingue, ça en jette et ça vous mord au plus profond de vous – même ! Hallucinant, percutant et violent ! Les mots manquent pour décrire l’effet dépendant et d’overdose que procure cet ovni littéraire. Un roman à ne pas rater, un roman à  tenir entre vos mains, un roman qui vous fera perdre pied, vous embarquant dans un voyage hallucinogène et métaphorique, un roman à lire tout simplement !

Solo Aggrigente est un écrivain au succès passé, aujourd’hui il écrit toujours mais n’arrive plus à terminer ses romans SF. Alcoolique notoire, il est marié à une artiste richissime et dont le talent est internationalement reconnue, il vit donc au crochet de sa femme Asako. Lorsque celle – ci décide de partir en tournée mondiale pour montrer et vendre son travail, elle lui laisse Tom, leur petit garçon de 18 mois. Alors qu’il tente d’apprivoiser la bête, il apprend que le chanteur d’un groupe allemand reconnu, les Kyoto Motol, a été assassiné selon une méthode inspirée d’un de ses romans. C’est alors que débarque deux flics, en réalité des mongols blattoptères, Solo s’enfuit avec son fils sous le bras, son quota d’alcool pour avoir les idées claires et s’embarque dans un road trip renversant ; traversant le pays jusqu’aux pays de l’Est où les chamans côtoient les extraterrestres et les pluies de météorites, la décadence de la société soviétique. Un seul objectif : Ulan Bator.

C’est surréaliste limite hystérique mais on est vite happé, on suit Solo et son fils au travers des autoroutes franchouillardes, de la pampa alpine jusqu’aux pays de l’Est pauvres et aux mœurs violentes. Le roman offre un reflet d’une société minée par les hommes et une forte dérive psychotique du personnage. De la France métropolitaine à la Mongolie en passant par la Russie, Solo ne s’épargne rien, une quête de soi en déperdition totale due à son addiction  à l’alcool et à son obsession pour Alien. Il se retrouve ainsi dans des situations glauques, horribles, violentes voire même décadentes.

Sa relation avec son fils, qu’il aime de tout son cœur, promet quelques moments de tendresse enfantine pure et innocente mais est aussi source d’humour et de situations loufoques, entre les babillements expressifs, les câlins rassurants mais aussi les couches puantes et les petits pots aux recettes méditées. Ce petit garçon, plutôt vif et curieux, est le seul repaire d’une réalité qui semble s’effilocher pour Solo, limite schizophrène, entre les cafards géants, la chamane vaudou, le saccage du Disney world par une pluie de météorite ou la nourriture humaine d’un ours, le héros ne sait plus où donner de la tête et seul l’alcool sous toutes ses formes, des plus dépravées au plus luxueuses, semble raccrocher son esprit à un pseudo était de clairvoyance. Farfelu, oui, peut-être parfois trop barré, difficile de toujours suivre les délires du héros, entre folie et réalité, quelle est la vérité ? Même la fin laisse planer le doute, Solo Aggrigente n’en a pas fini avec ses démons et franchement le lecteur ne sort pas indemne de cette folie brute.

L’auteur use de références nombreuses tant culturelles que politiques et a style résolument personnel et reconnaissable, pas de chichi, ni de poésie ni de virtuosité si ce n’est dans la crudité des mots et le langage familier du héros, l’auteur ne fait pas dans la dentelle mais plutôt dans l’acier, c’est brut, froid et d’un réalisme à faire peur car tel un bâton de dynamite ça vous pète entre les mains. La préface de Ludovic Lavaissière (co-auteur du terrible et « géniallissime » « Moi & ce diable de blues ») est aussi « mitraillante » (pour reprendre ses termes) que le reste du roman. Enfin, soulignons le travail d’illustration de Philippe Jozelon, car la couverture est plus que superbe, attractive et parfait reflet du contenu du roman.

En bref, un roman qui détonne, qui a ce petit ingrédient original et indépendant qui fait tout son charme. Franchement, bravo à l’auteur et aux éditions du Riez pour ce roman résolument d’un ton décalé ! Une pépite, que dis – je ? Une claque !

Ce roman est une lecture commune avec Louve du blog Les victimes de Louve où vous trouverez également son avis.

franco ténèbres Jtaime

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