« Revanche » de Cat CLARKE

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Quatrième de couverture : 

La vie est injuste.

Jem Halliday est amoureuse de Kai, son meilleur ami, qui est gay. Pas vraiment l’idéal, mais Jem s’est faite à l’idée. 

La Vie est cruelle.

Une vidéo de Kai en compagnie d’un garçon a été postée sur internet. Il ne l’a pas supporté et s’est suicidé.

Sa vie ne sera que vengeance.

Quoi qu’il lui en coûte, Jem a décidé de découvrir, qui sont les responsables, et de les faire payer, un à un, jusqu’au dernier…

Avis :

Un roman coup de poing qui ne laisse pas indifférent. C’est mon premier Cat Clarke et parait-il, elle joue sur cette même ligne directrice dans tous ses romans : des sujets sensibles, le mal être des adolescents, l’intolérance, la mort… Ai-je aimé ? Oui, la thématique est forte, la lecture est très fluide et prenante et les personnages attachants. Ai-je détesté ? Oui, j’ai détesté ce que l’auteure m’a fait ressentir : injustice, tristesse, colère et frustration, et le fait qu’elle est jouée avec mon empathie. Le genre de roman où l’on vous broie le cœur, où l’on ne vous laisse aucune chance de vous relever, le genre de roman qui vous hante plusieurs jours après sa lecture.

Jem et Kaï sont amis depuis leur plus jeune enfance, on peut même dire qu’ils sont isolés dans cette amitié unique, plus particulièrement Jem, qui en secret est amoureuse de Kaï depuis des années. Le problème, c’est que le garçon aime les garçons, alors Jem se satisfait de cet amour platonique qui ne sera jamais comme elle aimerait. Lors d’une soirée, Kaï est filmé avec un autre garçon dans une situation très intime, la vidéo est diffusée auprès des autres lycéens et les réactions sont violentes. Kaï reçoit d’innombrables mails l’insultant, des réactions incompréhensibles qui auront raison de son envie de vivre. Kaï met fin à ses jours. Dévastée, Jem décide de venger son meilleur ami. Elle change de look, cherche les responsables pour les faire payer et surtout prévoit de se tuer un an jour pour jour après la mort de Kaï.  Ce dernier lui a laissé douze lettres, une lecture par mois, une année à survivre…

Il est difficile de rédiger un avis sur ce roman sans prendre le risque de dévoiler des clés de l’intrigue. Alors que dire ?

C’est un roman surprenant, original et pour une fois un roman young adult qui vous fait profondément réfléchir. La thématique de l’homosexualité chez les plus jeunes semblent un sujet prisé dernièrement et qui plaît beaucoup au lecteur. Ici, l’auteure a choisi de traiter le sujet de manière assez réaliste, sombre et funeste, malheureusement, l’homosexualité quand vous avez seize ans n’est pas forcément quelque chose de facile à vivre à moins d’avoir des proches (familles et amis) qui vous soutiennent bec et ongle et d’être plutôt bien dans sa peau. Kaï n’a pas cette chance et va très mal vivre les persécutions dont il sera l’objet une fois son homosexualité révélé. Le personnage de Kaï, malgré son suicide dès les premières pages est très présent tout au long du roman, son fantôme plane et sa personnalité illumine. Il laisse une douzaine de lettres à Jem, des lettres sensées aider la jeune fille à faire son deuil, à se prendre en main et à sortir plus forte et plus heureuse de cet événement qui l’a brisé. Des lettres qui reflète la relation fusionnelle qui liait les deux personnages, des lettres courtes mais pleines de l’aura de Kaï, d’humour, d’amitié, de tendresse et d’amour. Alors que Jem prévoyait de rejoindre son ami, l’arrivée inopportun de ces lettres vont l’obliger à survivre au moins une année supplémentaire, une année où la jeune fille médite et prépare sa vengeance pour le mal qu’on a fait à Kaï.

Le roman est donc avant tout une histoire de vengeance. Revanche, le mot a un sens un peu trop gentil par rapport au contenu du roman. Il aurait du s’appeler vengeance car Jem va très loin pour nuire aux coupables. C’est d’ailleurs très perturbant. Alors qu’elle décide de trouver ceux qui ont fait ça, elle reçoit une lettre anonyme qui accuse trois garçons populaires du lycée, Jem décide de s’en approcher pour frapper plus fort au cœur du groupe, pour cela elle a un plan. Ce qu’elle n’avait pas forcément prévu, c’est de ressentir de l’amitié voire de l’amour, mais elle reste très froide, têtue, il faut maintenir le cap sur le plan, et dans le déni, refuse d’admettre certains sentiments et certaines preuves d’amitié des autres.  Ces gens sont populaires, ont fait du mal à Kaï et ne peuvent donc pas être biens, elle est enfermée dans ses idées et les stéréotypes de chacun et malheureusement cela va l’aveugler au plus haut point. Jem est un personnage assez complexe, qui se pose beaucoup de questions tout au long de l’histoire, qui joue double jeu et le joue très bien, peu à peu la vengeance la transforme mais pas dans le bon sens du terme, la bêtise prend parfois le pas sur sa lucidité, elle se perd dedans et en paiera chèrement les conséquences.

Du côté du style, l’auteure joue avec nos sentiments, les lettres personnalisées tant sur la forme que le contenu, dès la première on ressent la peine, le mal être mais aussi l’amour de Kaï pour Jem, il n’y a pourtant rien de particulier d’écrit, c’est juste du ressenti, il n’est pas utile d’écrire de grande prose pour faire transmettre de puissantes émotions qui vous ébranlent. On amorce donc notre lecture et l’on se dit « Ok, prépare – toi, elle tape fort là où ça fait mal ! ». Parce que l’auteure, sans écrire de manière très soutenu bien au contraire, c’est assez familier et loin de la grande littérature, n’en finit pas de vous envoyer dans le précipice des sentiments, en un mot elle vous déchire, vous brise et anéantit tous vos espoirs. On dévore ce roman parce qu’on veut savoir comment cela va finir, bien ? Mal ? Ah, je ne vous dirais rien mais sachez que la fin est assez surprenante, un événement se passe et c’est le drame. Et que dire des deux derniers chapitres… Ils vous mitraillent sur place !

En bref, un roman qui fait mal sur des sujets adolescents très actuels : l’homosexualité, l’humiliation, le rejet et la différence. Personnellement, j’ai fini ma lecture sur une note d’amertume car en tant que parent, on se dit que nos enfants pourraient subir la même chose et c’est assez effrayant.

Jtaime

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