« L’étrange voyage de Théo Gossein Livre premier : Hospitalia » de MALRIC

l-etrange-voyage-de-theo-gossein-malric Quatrième du couverture : Théo Gossein est un artiste malade dont le traitement lui bloque toute créativité. Il vit reclus dans son atelier sans jamais voir personne ; il n’est plus capable de poser une seule couleur sur une toile. Son monde l’oppresse, le terrifie. Alors, comme dans un dernier sursaut salvateur, il décide d’arrêter ses pilules et de sortir de chez lui.

C’est le début d’une aventure qui va le mener bien au-delà de son imagination.

Dans ce premier tome, Théo nous livre son carnet de voyage : sa route vers Hospitalia.

Et comme dit Théo « Quand les mouettes ont pied, il est temps de virer ».

— Chronique —

Un roman qui se lit avec les yeux.

Peu de texte, beaucoup d’images, l’ouvrage est très visuel. Le coup de crayon, l’agencement des images, tout est savamment dosé, réfléchi, entremêlé pour offrir une œuvre superbe, farfelue et légèrement éparpillée.

L’étrange voyage de Théo Gossein raconte le voyage fantastico-gothique de Théo, un malade soigné à l’aide de médicaments qui lui font perdre toute sa créativité car Théo est un « artiste peintre, sculpteur, etc… », aussi décide t-il d’arrêter ses cachets. Et puis un jour, au détour d’une brocante une belle rousse se présente, un chocolat chaud et une fuite empressée plus tard, Théo se retrouve avec la valise oubliée de la jeune femme. Il y découvre l’histoire d’un étrange institut pour femmes ; Hospitalia, un lieu caché de tous que Théo décide de trouver coûte que coûte.

Le format de l’objet fait office de journal intime ou de carnet de voyage.

Théo retranscrit ses rencontres et son périple à travers des mots simples, des phrases succinctes, des éléments de son histoire assez peu développés qui nous laissent juste entrevoir suffisamment son avancée qu’il agrémente d’esquisses ou photographies illustrant ses propos plus ou moins cohérents.

Des personnages fantastiques et troublants.

Les rencontres sont nombreuses, l’énigmatique femme rousse, les saltimbanques surnaturels offrent spectacles et créatures superbes, endiablées, mystiques, charmants les villes et leurs habitants qu’ils traversent, mais aussi un pêcheur au visage buriné et au bon cœur, un professeur étrange et un peu fou ou encore un garde champêtre tenu par ses responsabilités héréditaires, des personnages tantôt hauts en couleur, tantôt sombres.

Des endroits sombres où demeure toujours une petite lueur.

A l’image des lieux traversés, le décor est ténébreux, on passe de la France victorienne à l’Angleterre brumeuse avant de se retrouver aux confins de l’Ecosse sur une île intrigante, un brin inquiétante. L’auteur nous emporte indéniablement ! Jusqu’à ce qu’à la fin Théo atteigne son but et se découvre une nouvelle lubie ; retrouver les femmes d’Hospitalia disparues…

Chimérique, onirique, le héros nous emporterait-il dans sa folie ?

Le tout est écrit de manière très intimiste, c’est très personnel, franc, honnête, parfois même poétique pour les paragraphes les plus longs, on s’immisce dans les sentiments personnels de Théo, on ressent son émerveillement et son obstination. Des idées et des informations lancées au compte goutte, on en aimerait certainement davantage mais alors l’ouvrage n’aurait plus aucun sens et pourrait devenir rapidement indigeste.

En bref, un roman graphique superbe, très joliment illustré, le talent de dessinateur de Malric est juste incroyable tant sa touche personnelle sombre et inquiétante n’ajoute que davantage d’attractivité à l’ouvrage qui capte notre regard du début à la fin. Évidemment, la suite se fera attendre…

En bonus, le verso de la couverture absolument magnifique !

Cet article, publié dans Beaux livres / Artbook, Chroniques, est tagué , , , , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.