« La Dramaturge » de Gaëlle MAGNIER

Quatrième de couverture : Dans le Londres victorien se coutoient deux êtres que tout oppose… Et pourtant.

Aidan Taylor rêve d’écriture et de théâtre. Son ambition ? Devenir dramaturge. Mais sa condition de femme constitue un réel obstacle face aux directeurs qu’elle sollicite pour produire sa pièce. Prête à tout pour vivre son rêve, elle n’hésite pas à sauter le pas et à troquer ses robes contre un pantalon et une redingote, dans le but d’être traitée de manière équitable.
Dorian Swanson est, quant à lui, un jeune dandy mélancolique poursuivi par ses propres démons. Sa dernière chance ? Prendre la direction du théâtre familial afin de prouver ses capacités à son père.
Entre aspirations et provocations, Aidan et Dorian vont devoir faire face aux caractères affirmés des comédiens de la troupe de l’Orpheus et aux conséquences de leurs agissements.
Aidan saura-t-elle choisir entre la passion et l’ambition ?


Petite romance dans l’univers du théâtre où la place de la femme dans cette époque anglaise pro masculino-aristocrate était loin d’être enviable.

Aidan est une jeune fille d’une vingtaine d’année, fille d’un tailleur renommé et cadette d’une fratrie essentiellement masculine. Depuis sa plus jeune enfance, elle doit faire face à ses frères et a le caractère nécessaire pour s’imposer.  C’est aussi une passionnée de lecture et une rencontre inopinée dans sa jeunesse lui a ouvert les portes d’une bibliothèque d’aristocrate qui n’a fait qu’attiser son attraction pour la littérature et plus particulièrement le théâtre. Aujourd’hui, elle a écrit une pièce et entend bien devenir dramaturge pour un théâtre local, elle se décide donc à rencontrer les directeurs pour leur proposer son œuvre, malheureusement son statut féminin va vite se révéler problématique dans une société où la femme n’a encore que peu de droits. C’est ainsi que, conseillée par sa meilleure amie, Aidan se retrouve face au directeur de l’Orpheus, le jeune Dorian Swanson, habillée en homme et prête à défendre son art pour qu’il soit enfin reconnu.

Ce roman historique a donc essentiellement pour thématique la place de la femme et ses droits dans un univers aristocratique et conservateur où la femme avait essentiellement un rôle de femme, de mère ou d’amante, mais certainement pas celui d’une femme qui travaille, et encore moins ayant le talent suffisant pour écrire des pièces de théâtre, souvent réservé aux aristocrates et depuis peu à la bourgeoisie grimpante. Le sujet est donc intéressant, loin d’être original, mais relativement bien pensé ici. Il y a aussi dans un second temps justement cette confrontation entre l’aristocratie conservatrice et la bourgeoisie libératrice, on sent bien évidemment qu’on est dans une époque Victorienne peu ouverte mais propice à de nombreux changements, et on en devine ici tous les prémices.

L’originalité va plutôt au monde du théâtre qui est très ancré dans cette histoire, plutôt bien décrit d’ailleurs, de la troupe d’acteurs, le théâtre lui – même, la gestion et le montage d’une pièce, en passant par les costumes aux décors et tous les soucis à gérer en conséquence, tout y est pour s’imprégner de cet univers et se projeter sans aucune difficulté.

Aidan est une jeune femme forte et intelligente, qui a toujours dû se battre pour s’imposer face à ses frères aînés. D’origine bourgeoise et passionnée, elle est loin de rêver du mariage mais n’a qu’une seule idée, s’épanouir dans l’écriture, être une véritable dramaturge. Elle va vite comprendre que son statut de femme n’est pas conciliable avec ses envies et que pour réussir, elle va devoir faire preuve d’audace et se travestir en homme. Une chose avec laquelle, elle ne va pas être à l’aise et pourtant tout va changer. C’est ainsi que sa pièce sera acceptée par un jeune aristocrate ouvert d’esprit et au goût prononcé pour l’art avant-gardiste, voire même féministe. C’est le début du rêve, terni toutefois par tous ces mensonges qui s’accumulent.

Dorian Swanson, est un fils d’aristocrate connu pour sa débauche et qui, pour fui l’ennui, a sombré dans les opiacés pour échapper à ce monde qui ne trouve pas son intérêt. Jusqu’au jour où son père lui impose les rennes d’un théâtre familial pour lui prouver sa valeur au risque d’être déshérité. Évidemment, le jeune homme va s’épanouir dans ce monde théâtral mais ses addictions vont continuer à le hanter. On retiendra de ce personnage plutôt fade qu’il a un goût pour l’art très avant-gardiste avec des idées loin d’être arrêtées par son statut d’aristocrate, qu’il ne sera pas insensible au charme d’Aidan, qu’il va soutenir et protéger comme il peut.

Sur la forme, deux personnages que tout oppose donc avec des origines et des vécus aux antipodes, pourtant si ce genre là a souvent ma préférence, j’ai trouvé que cela manquait de passion et de chaleur. La romance n’est pas franchement au centre de l’histoire, si c’est ce que vous cherchez en lisant ce roman passez votre chemin, car c’est très prévisible et très basique, donc pas des plus passionnant à suivre. Le roman est clairement « frais et léger » pour reprendre les termes de l’auteur, c’est sympathique mais sans plus. Une fois sorti de l’univers et des sujets, les personnages manquent de charisme pour s’affirmer et être suffisamment attachants, même si Aidan par sa persévérance sort du lot, du coup on les suit, certes avec plaisir, mais avec aussi une forme de détachement. Au final, on a une intrigue assez sommaire, sans réels rebondissements ou surprises, c’est très lisse et linéaire avec beaucoup de facilités, qui est plutôt l’excuse de traitement de thématiques fortes liées à l’époque dans laquelle le roman se passe. Il y a donc un contraste très marqué entre l’histoire et la romance d’un côté qui ne sont pas très originales, et de l’autre les idées et réflexions plus épaisses apportées par celles-ci. Toutefois, le roman se lit bien et rapidement. L’auteure a un style fluide et maîtrisé.

En bref, La Dramaturge est un roman sympathique mais pas transcendant. J’avoue, j’en attendais plus, mais mise à part l’univers du théâtre et les idées féministes avant – gardistes pour l’époque, l’ensemble manque cruellement d’originalité et de consistance à mon goût.

Je remercie Babelio et Gloriana éditions pour cet envoi.

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