« Love Letters to the Dead » de Ava DELLAIRA

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Quatrième de couverture :  » Je sais que May est morte. Je veux dire, j’en suis consciente mais j’ai l’impression que c’est pas pour de vrai. Qu’elle est toujours là, avec moi. Qu’une nuit, elle rentrera par la fenêtre après avoir fait le mur et me racontera ses aventures. Peut-être que si j’arrive à lui ressembler plus, je saurai mieux vivre sans elle.  » À son arrivée au lycée, Laurel a comme premier devoir de rédiger une lettre pour un mort. Elle décide d’écrire à Kurt Cobain, et c’est ainsi que débute une année de correspondance à sens unique avec des acteurs, musiciens et poètes disparus, qui ont tous joué un rôle important dans la vie de la jeune fille. Au travers de ses lettres, elle dresse son propre portrait de lycéenne, celui de ses nouveaux amis, de son premier amour… Et révèle, surtout, comment elle parvient à surmonter la mort de sa sœur. Mais pour faire son deuil, Laurel devra se confronter au secret qui la tourmente et faire face à ce qui s’est réellement passé la nuit où May est décédée. « 

Avis :

Un roman young adult qui ne marque pas par l’originalité de sa thématique mais davantage par son format épistolaire, des lettres aux contenues intimes écrites à des personnalités décédées sans réponse possible. A l’image d’un journal intime, la jeune héroïne de 15 ans se confie et tente avec ses mots immortalisés sur du papier de se trouver, de retrouver un sens à sa vie et de dépasser le drame qui a bouleversé sa vie.

Il n’était au début question que d’une rédaction épistolaire à un être décédé… Laurel entre au lycée dans un nouveau secteur où personne ne connaît son histoire, 6 mois plus tôt, sa soeur May, est morte. Suite à la séparation de ses parents, elle vit une semaine sur deux chez son père ou sa tante Amy depuis le départ de sa mère en Californie. Au début solitaire, elle fuit le contact des autres, mais regarde amoureusement un garçon nommé Sky, sourit peu à peu à une fille assise à côté d’elle en cours de littérature, Natalie, et en vient à envier le contact des autres. Se faire de nouvelles amies, sortir, faire ses expériences lycéennes plus ou malheureuses où elle se cherche. Elle se confie alors dans des lettres destinées à des personnalités ayant rencontrés le succès, souvent profondément abîmées par leur vie et mortes bien trop jeunes pour les plus connus : Kurt Cobain, Janis Joplin, Amy Winehouse, River Phoenix, Heath Ledger… mais aussi d’autres toutes aussi mémorables ; Allan Lane, Amelia Earheart ou encore Judy Garland.

A travers ses lettres destinées à des personnalités dont le choix n’est pas anodin ; toutes ont marquées la vie de Laurel, de May, de ses amis ou de sa famille, la jeune fille raconte les événements qui marquent une vie de lycéenne, une vie de famille détruite par la mort d’un être cher et les expériences qui vous construisent. Perdue dans l’ombre d’une sœur charismatique disparue, vivant avec un père plus que l’ombre de lui – même et laxiste, une mère absente ayant fui le deuil familiale à l’autre bout du pays et une tante profondément religieuse, au début Laurel traîne son look de collégienne et est très effacée. Elle observe et se fond dans la masse jusqu’à ce qu’elle décide de piocher dans les affaires et de se cacher derrière l’image de cette sœur décédée qu’elle vénère. Même si elle en parle dans ses lettres, elle n’évoquera jamais May à ses nouveaux amis ; avec Natalie et Hannah, des filles extraverties à la relation ambiguë, elle retrouve une amitié et chante Amy Winehouse, avec Sky, découvre l’amour, Jim Morrison et les Doors et parle de Kurt Cobain, avec Kristen et Tristan, un couple très amoureux, elle fait connaissance avec la culture musicale des années 70, Janis Joplin entre autre. Cependant, jamais elle ne se confie à des personnes réelles, mais s’enferme continuellement dans des non dits, des ressentiments, des actes inconsidérés et les doutes s’installent. Si de prime abord, Laurel apparaît sans personnalité, puisqu’elle s’enferme dans l’image de cette sœur, a priori, parfaite, peu à peu elle fait face à la réalité et se rend compte que dire les choses, assumer ses sentiments et se livrer, et donc s’accepter permet bien souvent de retrouver une certaine paix intérieure et aux autres de vous découvrir tel que vous êtes réellement pour mieux vous accepter. Sa personnalité s’affirme donc au cours de cette première année de lycée, les lettres au début pleines d’ambiguïtés, de sous – entendus et de légèretés lycéennes se révèlent peu à peu, le contenu est plus profond, la réalité de la vie prend le dessus, les expériences ratées et traumatisantes  aussi et l’on découvre ce qui s’est vraiment passé le soir de la mort de May, plus particulièrement ce secret que Laurel cache depuis des années et qui l’a profondément changée et meurtrie.

Ces lettres sont donc une forme d’exutoire pour Laurel et les personnalités choisies sont toutes des vedettes marquantes dans leur domaine de prédilection ; la musique, la poésie, la comédie ou encore l’aviation. Des vedettes ayant eu des succès mérités, des personnes talentueuses qui ont souvent gâché leur vie par la consommation de drogue, d’alcool et de médicaments, des personnalités blessées qui se sont enfermées dans leur art pour sortir le mal qui les rongeait ; Kurt Cobain, Amy Winehouse ou encore Janis Joplin sont de parfaits exemples, mais aussi des personnalités marquantes tel l’aviatrice Amelia Earheart ou la poètesse Elizabeth Bishop. Un point du roman qui montre une culture très éclectique de l’héroïne et qui s’attache à ce que chacune de ces célébrités se rapportent à un événement, un personnage ou un sentiment qu’elle souhaite exprimer ou raconter.

Par ailleurs, le côté épistolaire et, l’écriture à la première personne relativement intelligente rendent ce roman très fluide à lire. On est vite pris dans cette lecture intimiste où les secrets de cette adolescente sont peu à peu révélés, où les tabous et certains sujets profonds sont dévoilés pour mener à un meilleur avenir. Il est donc ici question de mort mais aussi d’espoir et de se (re)construire.

En bref, un livre prenant sur un thème fort qu’est le deuil mais aussi l’adolescence et ses expériences, le tout mêlé à l’histoire de célébrités plus charismatiques les unes que les autres. Une œuvre touchante qui se distingue essentiellement par son format original.

Je remercie sincèrement les éditions Michel Lafon pour cette jolie découverte.

Jtaime

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