« Jusqu’à la fin des temps » de Céline GUILLAUME

Quatrième de couverture : Au milieu des bois, lors d’une nuit sans lune, elle m’apparut pour la première fois. Mythe ou réalité, annonciatrice d’infortune ou de réussite, je l’ignorais? Seule une antique pièce syrienne abandonnée sur mon siège témoignait de ma rencontre avec la Dame Blanche, messagère de l’au-delà qui allait me guider vers ma destinée tracée depuis la nuit des temps. Huit siècles après le début de cette histoire dans l’Histoire, je tenais dans mes mains notre devenir. 

— Chronique —

Cassandra rentre chez elle, un lieu perdu au milieu de la campagne, après une journée d’entretiens professionnels qui n’ont abouti à rien. Dépitée, elle songe sur une route particulièrement sinueuse et dangereuse, jusqu’à ce qu’une femme apparaisse sur le bas côté, elle s’arrête et propose à la vieille dame originale de la déposer. Silencieuse, la femme prévient d’un coup Cassandra de se méfier du prochain virage, alertée, elle ralentit et évite de peu un chevreuil. A côté d’elle la femme a disparu, laissant comme seul signe de de sa présence une pièce de monnaie syrienne.

La plume de l’auteure est d’une poésie rare, pleine de douceur, et d’une sensibilité extrême, les descriptions des paysages et lieux, les sensations, les émotions, tout est très agréable à lire, très imagé, l’écriture est très stylisée et travaillée, on est indéniablement imprégné et rapidement immergé dans son univers, entre réalisme et fantastique, l’auteure nous invite au voyage et nous transporte entre deux époques.

Celle d’aujourd’hui, époque contemporaine où le personnage de Cassandra évolue, et où sa vie va changer à partir du moment où elle croise la « Dame Blanche » sur la route. De là, ses rêves ne lui appartiennent plus, chaque nuit, elle voyage vers une autre contrée, une autre époque, et la journée de drôles de choses lui apparaissent, des sensations étranges comme si quelqu’un était là, comme si on la regardait, la touchait, s’en était parfois angoissant ! On suit finalement, une certaine déchéance du personnage, complètement perdue, aimant l’homme d’une autre, étant sans travail, vivant seule à la campagne, et ses visions viennent achever de l’enfoncer davantage dans une forme de mal être, de dépression. Si le personnage de Cassandra peut manquer de caractère, de force, j’ai bien envie de vous dire que là n’est pas vraiment la question de cet ouvrage à mon sens. Les personnages agrémentent l’histoire, Angèle, la mère de cœur de Cassandra et voisine, son amie Lucia, Tristan… mais ne sont pas vraiment développés et assez peu approfondis, ce qui pourrait bien gêner certains lecteurs, alors que le fond de l’intrigue, les mystères qui entourent le personnage de Cassandra, les questionnements, les dépaysements font la force de ce titre qui est plutôt du genre particulier.

Et puis, il y a celle d’un passé lointain qui nous fait voyager en Syrie du XIIème siècle, magnifique et somptueuse, à l’époque de la troisième Croisade. Un aspect historique qui déroute et qui se lie difficilement à la partie contemporaine, le lien étant uniquement le personnage de Cassandra. Évidemment, on cherche le lien exact, le pourquoi du comment. Dans ce passé, on fait la connaissance du personnage de Camille de Beaulieu, jeune Damoiselle de Compagnie à la cour parisienne, qui lors d’une attaque de camp, se retrouve enlevée et baladée au travers de déserts jusqu’en Syrie, où elle rencontre Al-Kamil, très charmant héritier du trône. On se rend vite compte que c’est le début de l’histoire, l’origine de tout ce roman, et des faits et évènements qui se passent là, en découlent tout ce qui se passe à l’époque contemporaine.

Ce roman,  c’est aussi et avant tout une véritable romance, une romance intemporelle, une romance pleine de passion, de tendresse, d’amour avec un grand A (sans être guimauve je vous l’assure) que la mort même ne peut éteindre ou atteindre à travers les siècles. Il y a du mythe dans tout ça, du destin à la fois beau et tragique, une espèce d’ombre rode tout le long du récit, une ombre qui prend des apparences diverses, parfois inquiétantes, souvent énigmatiques mais quand on sait tout, un romantisme profond se dévoile. Et pourtant, alors que nos cœurs sont pris à parti dans cette romance, l’auteure prend un tournant risqué à la fin qui s’éloigne vraiment de tout ça, et l’on doute finalement de tout ce que l’auteure instille à son lecteur, était-ce une notion de tragédie romantique intemporelle ou seulement de destin unissant deux personnages ? A titre personnel, cette fin ne m’a pas contentée, tout simplement parce qu’elle a fait voler en éclat ce que la lecture du roman avait érigé dans mon esprit.

Enfin, il convient de souligner le livre objet absolument magnifique, couverture hardback, illustration sous forme de grimoire qui renfermerait quelque chose d’interdit ou d’inaccessible, petit ruban doré faisant office de marque page, décors intérieurs superbes, les éditions underground se sont surpassées.

En bref, un roman écrit avec délicatesse, la plume de Cécile Guillaume est très poétique et douce et elle est très douée pour créer ses univers. N’attendez toutefois pas de grand développant des personnages, on est dans de l’ordre du mythe, de l’intemporalité, bien éloigné de l’échelle humaine ! Un roman qui mérite franchement une certaine attention et une écriture riche et élégante qui vaut la peine d’être découverte.

— Lu dans le cadre du challenge suivant —

franco10

Cet article, publié dans Chroniques, Fantastique, Romance, est tagué , , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Un commentaire pour « Jusqu’à la fin des temps » de Céline GUILLAUME

  1. Elhyandra dit :

    J’avais lu le Ballet des âmes de cette autrice c’était pas mal, l’amour tragique et maudit était le thème central

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.